Christiane était fatiguée, aujourdhui, alors qu’elle décompresse avec le quart de somnifère. Je me suis dit qu’un peu d’air vivifiant lui ferait du bien.

 

Nous sommes sortis faire des photographies.

 

Sur trois maisons repérées, une seule, à l’heure où nous sommes passés, était éclairée avec des décorations de fin d’année. Mais ça en valait la peine, c’était déjà bien pour cette petite ville d’environ douze mille huit cents habitants en période de Noël.

 

Christiane a choisi de marcher sans sa canne blanche et de faire le tour du pâté de maisons. Un raccourci a été obstrué, c’est devenu de ce fait une impasse et Kiki, avec ses pieds aux chaussures orthopédiques, son arthrose et sa malvoyance, a quand même choisi de laisser sa canne d’appui à la maison. Pourtant, nous avons croisé des racines qui soulèvent le goudron, mais les éclairages rasants les rendaient visibles en détail, grâce aux ombres. Il y a aussi eu une rigole de gouttière. Quand je la lui ai signalée, elle a compris « gouttière » pour s’appuyer, mais à l’ombre du bâtiment, elle n’a pas vu la rigole. Je pense que ses nombreux handicaps l’ont empêchée de connaître ce mot. Fatiguée, sa joie de vivre qui lui est propre s’est un peu estompée.

 

Plus tard, au moment de la soupe, tout est rentré dans l’ordre, elle a de nouveau le sourire aux lèvres.

 

Christiane est forte et a beaucoup de volonté, je l’ai encore constaté. Elle a dit de moi que j’étais un dur à cuire, je l’ai crue, mais elle ne m’a pas encore cuit. Elle a eu mal à l’œil, ce soir, à cause de l’air sec et froid, de son manque de larmes que je n’ai pas cerné. Alors, le dur à cuire était aux petits oignons, ou plutôt à faire la soupe aux croûtons. Celle-ci était excellente, du reste, avec un bocal de légumes de couscous, du poulet en morceaux revenu dans un mélange d’huile d’olive et de tournesol, un fond de rôti et de l’eau. Elle a appelé ce plat un pot-au-feu et je ne pense pas qu’elle se trompe beaucoup : il est bien cuit couvert, mais avec plus de poulet que de bœuf.

 

Nous sommes de la région du Poulet de Loué et Le Gaulois, tout se tient. La mère de la « poule au pot », en tout cas, n’a pas eu de problèmes de vessie avec le froid et je l’attribue à l’arrêt de son somnifère. Habituellement, cela la fait se lever la nuit, et là, sans somnifère, même pas de pause-toilette.

 

De mon côté, une raideur au cou et un souci de vertèbre cervicale, comme une légère tension, m’ont obligé à adopter une conduite moins sportive : les mains plus basses sur le volant, et non la main gauche à onze heures, qui me donnait ma bonne conduite sportive, tous mes réflexes et aptitudes. Je serai peut-être obligé un jour de passer au joystick main droite sur une voiture électrique, mais je crains de manquer de moyens. La voiture électrique, ce sera si cette technologie se démocratise, comme l’ont fait les poupées, que certains, il y a un peu plus de cent ans, devaient acheter à crédit (cent francs), avant l’avènement du plastique. Entre deux, il y a eu les nouveaux francs (un franc), et l’euro ne vaut plus que 6,55957 francs… On est loin du sou !

 

… Et du talent… Un sou valait cinq centimes et il fallait donc vingt sous pour faire un franc, se plaisait à rappeler, avec sa voix qui porte, mon père aux spectateurs de « l’Amusant musée itinérant », qui donnait des représentations dans les maisons de retraite dans un rayon de trois cent cinquante kilomètres, pour le plaisir et, bien sûr, pour travailler la réminiscence contre la maladie d’Alzheimer.

 

Montrer des jouets physiques à tous les âges était notre vocation pour l’enrichissement de chacun par le ludique, et moi, constatant que le musée ne resterait que virtuel, par mes ventes, j’ai essayé de sauver le jouet physique. Du fait d’une erreur de la curatelle de Christiane, qui a mal déclarés nos impôts, j’ai dû, au lieu de gagner trois cent cinquante euros par an en plus de mes rentes mensuelles de santé (670  + 30  + 100 €), reverser quatre mille euros que je n’avais pas gagnés à la CPAM et deux mille à la CAF sur deux ans de travail. Mon père, comme la société en général, n’a pas assumé. C’est ma mère et moi qui nous sommes occupés de cette erreur, sans moyens pour nous défendre, en payant mensuellement sur deux ans. Ma sœur n’avait rien à assumer, mais elle aurait pu s’abstenir de me demander de reprendre le travail, car je le vis mal, déjà dopé et drogué comme je suis. Et comment retrouver l’hygiène de vie qu’elle me recommande sans moyens… pour reprendre un travail, diurne si possible, d’après elle ? Il y a des limites aux humains et leur héritage génétique comme culturel ne peut-être désarçonné. Jaime à travailler seul et au chaud.

 

Elle le dit elle-même : « Chassez le naturel, il revient au galop !» Revenir au galop sabre en main, c’est bien ma sœur… enfin, elle, elle fait du cheval, et moi, je suis le cheval de trait… Non, on s’aime bien, elle et moi, et quand on se voit, trop peu souvent, il y aurait comme un manque mutuel de se crêper le chignon. Moi, je suis chauve...

 

Cela me fait penser à Lila et Linou. Lila, qui est comme ma fille, est une mère et une grande sœur pour Linou, elle ne lui pardonne pas ce qu’elle juge être une erreur, quoiqu’elle revienne sur ses positions toujours trop tard après le grand incendie qu’elle a créé par ses foudres. Linou pardonne toujours et revient jouer. Je vais en faire autant à Noël.

 

 

 


33 - Jouets Technofix, XXème S.


Technofix. Coffret 294. Train minier. Train non conforme autre train mis. Neuf en boîte.

Technofix. Coffret 300. Boîte usagée.

Technofix. Coffret 304. Camping. Rare. Neuf en boîte usagée.

Technofix. Coffret 316. Manque les voitures. En boîte.

Technofix. Coffret 328. Rallye. Neuf en boîte usagée.

Un homme et sa femme sont en train de souper au Fouquet's.

Une superbe jeune femme arrive dans le restaurant, va directement vers l'homme et lui donne un long et doux baiser.

Elle lui dit qu'elle le verra un peu plus tard et quitte le restaurant.

 

 Sa femme le regarde avec des éclairs dans les yeux et lui demande :

- Veux-tu bien me dire qui c'était ?

- Qui, elle ? répond le mari, mais c'est ma maîtresse !

- Ben, j'aurai tout vu, lui répond la femme, je demande le divorce !

- Écoute, je comprend ta réaction, commence le mari, mais il faut que tu réalises que si nous divorçons, tu n'auras plus de voyages, plus de courses dans les boutiques à Paris, plus de vacances d'hiver sur les plages de la Barbade, plus d'été dans les Montagnes Rocheuses, plus de Porsche et de Jaguar, plus de club de yachting et de polo ; mais c'est ta décision et je la respecte.

 

Au même moment, un ami du couple entre dans le restaurant avec une superbe femme au bras.

- Qui est cette femme avec Jacques ? demande la femme.

- C'est sa maîtresse, répond le mari.

 La femme répond alors :

 - La nôtre est plus jolie !